• Ella - texte 1

     J'ouvre la porte. Je viens chercher les somptueux oeufs de mes poules noires, rousses et blanches. Ils sont délicats, ils sont parsemés de tâches de rousseur, mais le plus merveilleux, c'est qu'ils brillent au soleil!

    Je ne vois qu'une poule... La tristesse m'envahit, je me sens enveloppé dans la mélancolie et dans l'horreur. Cette sensation me donne froid dans le dos.

    Mais je me ressaisis, parce que je sais que ce n'est pas le moment de sangloter comme un petit enfant qui aurait cassé son camion miniature. Mais tout de même, où sont parties les poulettes que j'appréciais tant? Je cherche, je fouille, rien... Je trouve, cependant, cinq œufs... cinq poules. Elles avaient, malgré tout, eu le temps de pondre à leurs aises... Toujours avec insistance, je tente de récupérer mes grosses poules à plusieurs kilomètres de chez moi.

    Je rencontre un chat, qui mange un volatile. Je le questionne. Il reste tranquille, et ne m'accorde aucune attention. Je le laisse, et je repars, en essayant de ne pas penser à ce petit félin, qui triait les plumes de l'oiseau qu'il avait chassé, en les mettant à droite, et la chair, qu'il trouvait fort à son goût, à l'opposé des parties d'ailes déchiquetées. Cette sensation qui tourne en boucles dans ma tête m'effraye.

    Dans ma voiture, je songe au désastre. Serait-ce mon voisin, Antonio, cet homme voleur? Ou bien, Lolita, l'hermine, qui m'a emporté à plusieurs reprises des bêtes? Je n'en ai pas la moindre idée.

    Je retourne chez moi. Je vais encore voir au poulailler, rien. Je ramasse les cinq œufs... Et voilà... mes poules! Les œufs couvaient les poules! On ne sait plus qui fait quoi! Ha, la technologie, quelle affaire! Qui de la poule ou de l’œuf...?