• Ella - texte 4

    A Marie-Hélène Xasier

    36 rue Lamoutardive

    22200 Guingamp

    France

     

    Chère Marie-Hélène, je ne comprendrais jamais pourquoi tu m’en voulais ce soir-là. Nous étions toutes les deux, autour de la petite table de ton salon, et tu m’as demandé si je t’aimais vraiment. Je t’ai questionnée et tu as commencé à pleurer en me disant que tu m’avais entendu au téléphone avec cette femme que je réconfortais. Je lui ai dit « Je passerais te voir, je t’embrasse, je t’aime » et j’ai raccroché. ça t’a choquée. Je ne pensais pas.

    Il ne fallait pas penser que je te trompais. Cette femme, c’était ma sœur. Elle était atteinte d’un cancer du poumon, ayant trop fumé. Je ne te l’ai pas dit parce que j’avais peur. Peur, que si cela venait à tes oreilles, tu m’aurais chouchoutée et réconfortée, et je serais devenue encore plus triste. Je ne voulais pas que notre relation ne devienne plus tendue, voir même qu’elle s’arrête. Je suis désolée, je n’aurais pas dû. A ce moment-là, tu as quitté la pièce et je me suis retrouvée seule dans cet endroit froid et lugubre. Plus tard, je suis venue m’allonger près de toi. Notre lit n’était plus qu’un cercueil.

    Le lendemain, tu ne m’as adressé la parole qu’à un seul moment. Tu m’as dit une phrase annonçant notre séparation, c’est là que je n’ai pas réussi à parler, je n’ai pu qu’acquiescer. C’était la phrase qui allait changer ma vie et la bouleverser. Tu m’as chassée de chez toi et on ne s’est plus revues depuis. Maintenant, je suis à l’hôpital, mourante, de la même maladie que ma sœur. Viens, s’il te plaît me rendre visite, pour que je puisse, avant de mourir, revoir le visage de celle que j’ai aimée.

     

    Guitton